Ces cinq dernières années, le monde habituellement tranquille des Conseillers en Gestion de Patrimoine (CGP) a été secoué par une série d’acquisitions frénétiques… une véritable tempête de consolidations a balayé le marché, et cette tendance s’est même accélérée ces derniers mois, pilotée par les manœuvres agressives des fonds d’investissement. Zoom sur ce phénomène qui monte en puissance et qui est en train de redéfinir l’échiquier des CGP !
Le grand remue-ménage dans la gestion de patrimoine
Lorsqu’il s’agit de gestion de patrimoine, les gros calibres ne font résolument pas dans la dentelle en matière de consolidation. On assiste en effet à une véritable escalade avec des acteurs comme Crystal, Cyrus, Maison Herez, Patrimmofi, Astoria, et Premium, tous épaulés par des bras financiers des fonds de private equity, qui s’agitent pour redessiner la carte du secteur. Prenez par exemple la récente fusion entre Cyrus et Maison Herez, un gros coup qui secoue le marché. Avec Cyrus et ses 11 milliards d’euros qui s’associent à Maison Herez et ses 5 milliards, on parle d’une nouvelle superpuissance co-présidée par Meyer Azogui et Patrick Ganansia, qui va gérer plus de 16 milliards d’euros.
Et ce n’est pas fini, car Crystal vient de signer un autre coup de théâtre. Début février, ils annoncent entrer en négociations exclusives avec Primonial pour s’accaparer Primonial Ingénierie & Développement. Si tout se passe comme prévu, d’ici la fin du deuxième trimestre, Crystal, sous le commandement de Bruno Narchal, va carrément s’emparer du trône avec un portefeuille de 21 milliards d’euros.
Les CGP se transforment en colosses financiers, entre cabinet et banque privée
C’était déjà un sujet brûlant il y a quelques mois : les « CGP licornes », ces cabinets qui géraient un milliard d’euros d’encours. Aujourd’hui, ils sont plusieurs à avoir franchi un nouveau cap, tutoyant ou dépassant même les dix milliards. On assiste à une véritable métamorphose de ces entités, qui se muent en hybrides, à mi-chemin entre le cabinet traditionnel et la banque privée. Il existe encore des structures et des réseaux traditionnels comme Prodemial, qui restent des réseaux à taille humaine et gèrent des volumes d’affaire conséquent sans pour autant tomber dans la démesure. Il faut savoir que ce grand bouleversement n’est pas le fruit du hasard, mais le résultat d’une stratégie d’intégration verticale et d’acquisitions en cascade, souvent sous l’égide des fonds de private equity. Mais ces manœuvres financières ne sont pas sans conséquences, en cela qu’elles entraînent une augmentation des frais pour les clients, tout en répondant à un marché qui exige toujours plus de performances et de conformité réglementaire.
Des acteurs comme Cyrus Conseil sont en première ligne de cette transformation, pour établir une marque forte sur un marché hyper compétitif. Et si la réglementation de plus en plus stricte, la digitalisation nécessitant de lourds investissements, et les enjeux de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) sont des défis, ils sont aussi des moteurs de changement. On se demande alors : est-ce le début d’une ère où les gros poissons avaleront les petits ? Le secteur semble le croire, et même si cela pourrait décourager certains, il y a toujours de nouveaux joueurs qui entrent en scène, prêts à ouvrir leur propre cabinet.