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Pour les petites et moyennes entreprises, le conseil d’administration ne se résume pas à une formalité légale, c’est une chance de rompre l’isolement du dirigeant, une ouverture sur des conseils stratégiques et un moyen d’accéder à une nouvelle perspective. L’intégration d’un administrateur indépendant peut catalyser cette dynamique ! Mais encore faut-il bien choisir… Le point sur le sujet avec Frédéric Bonan !

Une démarche encore minoritaire

Malgré tous ses avantages, ouvrir son conseil d’administration à des administrateurs indépendants reste une pratique peu répandue dans le tissu entrepreneurial français. La preuve en chiffres : selon l’Association pour la participation des administrateurs indépendants (Apia), seulement 10 % des entreprises générant un chiffre d’affaires entre 3 et 10 millions d’euros franchissent le pas vers cette forme de gouvernance élargie. Ces figures extérieures, souvent anciens entrepreneurs, ne partagent pas de liens financiers directs avec l’entreprise, ne participent pas à la gestion quotidienne et restent éloignées des transactions commerciales avec celle-ci. Une posture qui leur confère la neutralité nécessaire pour porter un regard objectif sur la stratégie de l’entreprise, enrichissant ainsi le conseil de leur expertise dénuée de conflit d’intérêt.

Faire le bon choix

Pour Michel Sapranides, entrepreneur à la tête de Sigma Technologies depuis plus de deux décennies, l’intégration d’une personnalité indépendante au sein de son conseil d’administration ne fait que du bien. Conscient de la valeur ajoutée d’un tel conseiller, il a pris la décision en 2013, six ans après la création de sa seconde entreprise, d’ouvrir son conseil à cette expertise externe. « J’avais besoin d’être accompagné dans l’évaluation des risques », admet-il. La personnalité choisie pour le conseil n’a qu’une voix consultative, mais son influence ne s’arrête pas là. « Son plus grand pouvoir, c’est de claquer la porte en cas de désaccord », confie Sapranides, soulignant l’importance d’une telle indépendance.

Il a trouvé l’accompagnement nécessaire auprès de l’Apia, forte de plus de 230 membres, qui lui a permis de rencontrer la personne idéale après un processus de sélection approfondi. « Vous vous retrouvez à la fin avec des gens qui ont dû se battre pour venir travailler avec vous », affirme l’entrepreneur, mettant en exergue la rigueur du processus. L’Institut français des administrateurs (Ifa), avec ses plus de 3 000 membres, offre également ce type de service.

Pour sélectionner un administrateur indépendant, chaque dirigeant établit ses critères selon les besoins spécifiques de son entreprise : expertise sectorielle, réseau, compétences en matière de RSE… Le choix final revient aux actionnaires majoritaires ou à l’assemblée générale. « Pour moi, c’est surtout la personnalité qui a joué », se souvient Sapranides. C’est ainsi qu’il a fait la connaissance de Jean-François Labbé, qu’il décrit comme un « sage » et qui est devenu un partenaire proche et influent dans le succès de son entreprise, qui affiche aujourd’hui plus de 80 employés et 15 millions d’euros de chiffre d’affaires.

Rencontres mensuelles

Les interactions fréquentes au sein du conseil d’administration sont un levier clé de l’efficacité stratégique. L’administratrice indépendante Laura Bokobza, coach de dirigeants, témoigne de cette dynamique au sein de Flint Media, une jeune pousse dédiée à la démystification des informations fallacieuses. Pour elle, l’équation est simple : une alchimie humaine doit se cristalliser entre les fondateurs et les administrateurs pour espérer un partenariat fructueux. « Il faut qu’il y ait une alchimie humaine tant avec les fondateurs ou les dirigeants qu’avec les autres membres du CA », souligne-t-elle, insistant sur l’importance de la compatibilité de visions entre les acteurs du conseil. Au cœur de son rôle, la communication sincère et transparente prévaut, forgeant un lien de confiance unique permettant d’aborder vulnérabilités et incertitudes. La régularité des rencontres est la pierre angulaire de ce processus, avec des rendez-vous au moins mensuels comme le pratique le duo Michel Sapranides et Jean-François Labbé.